Registre projectif

L’outil Cas-par-cas est un support à narration, il est à concevoir dans une dimension projective. La projection fait appel à la capacité des usagers à « retrouver », à travers les planches, leur cadre de vie initial. Convocation mémorielle à travers des supports visuels, qui permettent pour bon nombre d’usagers des remémorations positives. Positives et étayantes vis-à-vis de leur réalité au moment du testing (centre d’accueil, prise en charge en foyer, incarcération,… ).

Le support en lui-même intervient en qualité de tiers dans la rencontre avec un usager. L’outil est alors un « entre deux », facilitateur à verbalisation du registre émotionnel. A ce titre, sa conception fait intervenir des représentations ni trop réelles ni trop oniriques.

C’est le principe même de proposer un cadre et un outil dans un « à coté » de la réalité qui permet de convoquer celle-ci dans l’ici et maintenant, sans mise en danger. Cette subtilité visuelle est présente dans la langue et l’expression verbale. En témoigne la difficulté pour certains, face à une perte par exemple humaine, d’utiliser les vocables « mort » ou « décédé », et le recours à des termes évasifs, ayant une pluralité de sens : « il est parti », « il n’est plus là », etc.

« Là coté » de la figuration du test relève du même principe : celui de ne pas confronter directement le sujet à une perte ou à des violences antérieures. L’usager est à l’origine de la narration, non dans l’injonction mais dans la reviviscence de la perte (s’il s’agit de perte).

La conception de l’outil prend en compte les différentes cultures auxquelles il s’adresse, ce qui a demandé un travail anthropologique important afin de ne pas être, cette fois, dans un « à côté » concernant sa construction et dans des présupposés vis-à-vis des publics visés.